En Irlande, territoire occupé par les anglais, la Société des Irlandais unis s’enthousiasme pour la Révolution française et lui donne son soutien officiel jusqu’à ce que la société soit interdite par le gouvernement britannique en 1793 lors de la déclaration de guerre de la France à l’Angleterre. S’ensuit un soutien clandestin à la France durant les guerres révolutionnaires. La société sera officiellement soutenue par le Directoire et déclenchera la Rébellion irlandaise de 1798, violemment réprimée par les occupants anglais en Irlande, le soutien français n’étant pas arrivé à temps.

united irishman

L’idéologie kémaliste, portée par Mustafa Kemal Atatürk, premier Président de la République de Turquie, se réclame de la Révolution française. Ses bases idéologiques sont similaires : républicanisme, laïcité, souveraineté du peuple menant à la fondation d’une identité nationale, révolutionnarisme notamment au travers d’une réforme profonde de la société, idée d’un Etat fort. Précédemment, le mouvement des Jeunes Turcs utilisa même la devise “Liberté Égalité  Fraternité”, directement emprunté à la Révolution française, lors de son arrivée au pouvoir après la Révolution du 24 juillet 1908.

Mustafa Kemal Atatürk

L’idéal de la Révolution française eut un profond impact sur les intellectuels russes. C’est ce que les historiens appellent “le culte russe de la Révolution française”. Cela nourrit le soutien d’une partie des intellectuels pour la Révolution d’octobre 1917 qui mit fin au régime tsariste. C’était cependant une vision romantique de la Révolution française, omettant une réalité plus violente,  qui les animait, et la réalité de la révolution russe les firent déchanter. Une fois les bolcheviques au pouvoir, le culte de la Révolution française se transforme en ”mythe soviétique” de la Révolution française.

La Marseillaise (avec des paroles modifiées) fut même hymne national officiel en Russie à partir de 1917, avant d’être progressivement remplacée par l’Internationale, également d’origine française. Les Chœurs de l’Armée Rouges continuent de chanter La Marseillaise de façon régulière dans leurs concerts.

La Belgique a été profondément touchée par les conséquences de la Révolution française. En 1789, les réformes imposées par l’empereur Joseph II conduisent à une insurrection et à la création d’une éphémère confédération des États belgiques unis. Les révolutionnaires belges se réfugient à Paris et forment le Comité des Belges et Liégeois unis. Lors des Guerres de la Révolution française, les Français entrent à Bruxelles le 14 novembre 1792. Si les Belges sont partisans d’une République indépendante, la République française annexe progressivement la Belgique.

L’armée impériale s’étant réorganisée pendant l’hiver et elle reprend la Belgique en 1793 mais les Français finissent par reprendre le territoire. À l’occasion de cette seconde invasion, la Convention nationale se livre à un pillage organisé des ressources belges et le 1er octobre 1795, la Belgique et le pays de Liège sont officiellement réunis à la France, mettant pour le moment un terme aux rêves de révolution et de République indépendante des belges.

Les Pays-Bas furent des alliés importants de la première République Française. Un sentiment de déclin de la puissance néerlandaise parmi les membres des instances dirigeantes locales, couplé à la concentration des pouvoirs dans les mains de Guillaume V d’Orange, mène à une première révolution entre 1780 et 1783. Cependant, l’Angleterre et la Prusse interviennent pour mater la révolution.

Les révolutionnaires neerlandais exilés en France s’enthousiasment pour la Révolution française et demandent l’invasion des Provinces-Unies lorsque la France s’engage dans les Guerres de la Révolution française, ce qui est chose faite à la fin décembre 1794. Le 3 février 1795, la République batave est proclamée mais la France refuse de reconnaître la nouvelle république tant qu’un traité de paix n’aura pas été signé. Le traité de La Haye est finalement signé le 16 mai 1795, avantageant la France en lui cédant 100 millions de florins et une partie des territoires hollandais.

Les idées des Lumières atteignent également la Pologne. La Révolution française influença des intellectuels tels que Tadeusz Kościuszkon, officier polonais qui participa à la guerre d’indépendance des États-Unis et milita entre autre pour que la citoyenneté soit donnée aux paysans et aux Juifs de Pologne. Le Parlement polonais adopta finalement la constitution polonaise du 3 mai 1791, première constitution démocratiquement adoptée en Europe, mais un an plus tard les mouvements conservateurs se soulèvent et demandent à la tsarine Catherine II de Russie de les aider à abroger la constitution, déclenchant la guerre russo-polonaise de 1792.

Cependant, la France évita de s’allier avec la Pologne car la Prusse, l’Autriche et la Russie, s’attendant à une telle alliance, s’empressèrent de partitionner la Pologne. Ainsi, ils eurent moins de ressources pour attaquer la France. Le 25 octobre 1795, la Russie, la Prusse et l’Autriche procèdent au partage de la Pologne, la rayant de la quarte jusqu’en 1918.

Tadeusz Kościuszko

Malgré un siecle des Lumieres des plus fructueux sur le plan intellectuel au Portugal, la Révolution française y est vécue comme un choc. Se sentant menacés par la possibilités d’événements similaires et face à une partie de l’élite partisane de la Révolution française, la monarchie portugaise réagit : activité accrue de la police politique, censure, persécution des français.

Alors que certains des territoires constituants aujourd’hui l’Italie avaient débuté des programmes de réformes, leurs gouvernements vont volte-face après 1792 par peur d’un effet de contagion de la Révolution française. Dû à une situation économique compliquée, le mécontentement populaire augmente et des révoltes éclatent contre les seigneurs et les propriétaires terriens ou contre les réformes qui n’ont pas toutes été bénéfiques aux ouvriers et paysans.

Après la proclamation de la république en France en septembre 1792, des conjurations républicaines ont lieu en Italie mais sont réprimées par les souverains, avant que la République française n’envahisse l’Italie entre 1792 et 1799, abolissant le servage, changeant les frontières et instituant des Républiques sœurs. 

Révolution française. Campagnes d’Italie. Consulat : 25 Floréal An IV (14 mai 1796). Entrée de Masséna et de ses troupes à Milan. 5ème tableau des Tableaux historiques des Campagnes d’Italie.(TF)

La Révolution française enthousiasme les intellectuels allemands. On note même des clubs d’obédience jacobine à Mayence qui iront jusqu’à demander le rattachement de la ville à la France. Cependant, l’opinion publique tourne lorsque la République française se lance dans la campagne d’Allemagne et franchit la rive du Rhin en 1794. La conséquence majeure de la Révolution française en Allemagne demeure l’influence qu’elle a eu sur le sentiment national allemand.

La nation allemande se construit paradoxalement avec et contre la nation française. Avec car elle reprenant les idées de la Révolution française (une nation conçue comme une communauté de citoyens, un ordre juridique, une constitution) et contre car plus la France envahit l’Allemagne, plus le sentiment national allemand se renforce.

Dans le cas de l’Islande, l’on peut autant parler de l’influence de l’Islande sur la Révolution française que des conséquences de la Révolution française sur l’Islande. En effet, au-delà des idéaux des Lumières, il ne faut pas oublier les conditions de vie terribles du Tiers-Etat français. Le climat de l’époque était particulièrement mauvais, et les analyses météorologiques fournissent aujourd’hui un élément d’explication. En 1783, le volcan islandais Laki crache plusieurs mois durant des tonnes fumée. En même temps au Japon, le volcan Asama entre également en éruption, décuplant les effets néfastes sur le climat eurasiatique.

La fumée, portée par le vent, génère maladies respiratoires et dérèglement climatique et donc récoltes catastrophiques partout en Europe. En France, le peuple aura faim et demandera des comptes aux Rois avec les conséquences que l’on sait. Quant à l’influence de la Révolution française sur l’Islande, ce sont les guerres napoléoniennes qui, en divisant en deux royaumes séparés le Danemark et la Norvège, chamboulent l’équilibre des pouvoirs en Scandinavie et donnent espoir aux indépendantistes islandais de mettre fin à la dépendantiste de leur pays au Danemark et de développer une conscience nationale islandaise.